A ce jour :
› La canicule de 2003 reste à ce jour la plus sévère jamais enregistrée en France.
› Le mois de juin 2023 a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre. Et l’idée d’un mois de septembre du même type se profile.
› Le jeudi 24 août dernier, le mercure est monté jusqu'à 41,4°C entre 16h et 17h à Lyon. Déjà, une heure auparavant, la station météorologique de Lyon-Bron avait relevé une valeur supérieure au record de 2003 avec 40,9°C répertoriés.
Où en est-on 20 ans après ?
Manifestations du changement climatique en cours, les vagues de chaleur sont de plus en plus intenses, fréquentes, précoces/tardives et longues. En France, avant 1989, elles s’observaient en moyenne une fois tous les 5 ans. Depuis 2000, elles reviennent tous les ans. Et cette augmentation des vagues de chaleur va encore se poursuivre : elles seront deux fois plus nombreuses d’ici 2050.
Selon Météo-France, l’été 2023 est le quatrième le plus chaud en France depuis 1900 en raison notamment d’une canicule exceptionnellement tardive à la fin du mois d’août.
Une prise de conscience effective
La prise de conscience des risques représentés par les vagues de chaleur a conduit à améliorer les outils de prévention et de gestion pour mieux adapter nos sociétés :
› Système d’alerte canicule et santé
› Niveaux de vigilance météorologique (jaune, orange, rouge)
› Plan national de gestion des vagues de chaleur élargi aux impacts non directement sanitaires : transports, énergie, agriculture, éducation, sports…
› Messages de prévention radio, TV, Internet, journaux…
› Prises d’appels des personnes inscrites sur les registres municipaux de personnes vulnérables
› Depuis 2003, les transports collectifs et les véhicules sont équipés de climatiseurs
› Amélioration de la prévision météorologique. D'après Météo France, les méthodes d'estimation de la température maximale actuelle pour la journée et du surlendemain sont aussi performantes qu'elles l'étaient il y a dix ans pour la journée suivante
› Changement des comportements
› Prise en considération de besoin en froid du logement dans la réglementation environnementale
Des situations inégales face aux risques
Les personnes fragiles et démunies sont les plus touchées par ces épisodes de fortes chaleurs. Les nourrissons, les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes souffrant de maladies chroniques, mais aussi les personnes âgées sont les plus vulnérables lors d'alertes canicules. La canicule peut provoquer une forte fatigue, des coups de chaleur, de la déshydratation, mais aussi avoir un impact négatif sur des pathologies déjà existantes.
En conséquence, le gouvernement recommande de passer plusieurs heures par jour dans un endroit frais ou climatisé, si le logement ne peut pas être maintenu frais. Et c’est là où en 2023 ça coince encore :
Si les logements des propriétaires occupants et les bâtiments tertiaires sont sensiblement plus équipés de solutions de rafraîchissement, il demeure des biais importants au sein de la population.
Pour les locataires, l'installation d'un équipement climatiseur fixe est tributaire de l'accord du propriétaire et de leur engagement personnel dans les travaux dans le logement. Dans le cas où le logement serait un appartement, en plus de l'accord du propriétaire, une demande d'installation de l'unité extérieure sur un balcon ou une façade doit être faite et approuvée par le syndic de copropriété. De plus, avant de procéder à l'installation d'une unité extérieure, il est obligatoire d'effectuer une déclaration de travaux en mairie en raison des nuisances potentielles provoquées par l'installation finale.
Pour les personnes dépendantes, plus âgées, seules ou isolées, il n'est pas forcément possible de rejoindre facilement les lieux frais mis à disposition par certaines communes en raison de la nécessité d'obtenir un moyen de déplacement. Comme pour le froid, les épisodes de chaleur extrême touchent différemment les personnes et ont un impact beaucoup plus important sur celles situées à la croisée de plusieurs formes de fragilités et de vulnérabilités
Le règne du système D
Depuis quelques années, on observe l'apparition de tactiques "artisanales", telles que la disposition de l'évacuation d'air chaud des climatiseurs mobiles dans l'embrasure de fenêtre, le recours à des dispositifs plus ou moins efficaces (rideaux thermiques intérieurs, l'utilisation de couvertures de survie sur les vitres, l'installation de plaques de carton sur les fenêtres, etc.) pour les personnes ne disposant pas de volets, par exemple.
L’action perverse de la climatisation
À chaque nouvelle canicule en France, il devient de plus en plus difficile de résister à l'usage de la climatisation. Cependant, cette technologie n'est pas anodine sur le plan écologique.
Comme le rappelle le chercheur Vincent Viguié (CIRED), la climatisation peut être considérée comme un moyen très efficace de lutter contre les canicules et a permis de construire des villes en plein désert. Cependant, elle tend à devenir une mal adaptation en ce qui concerne le changement climatique. Elle apporte une solution à un problème, mais s'accompagne de nombreux effets pervers qui aggravent les problèmes plutôt que de les résoudre, surtout si son développement est massif et incontrôlé. Par exemple, il estime, dans une simulation, que la généralisation des climatiseurs à Paris augmenterait les températures de 1 à 2°C lors d'une canicule. Cette solution a également un impact sur les tensions du réseau électrique national et sur les dépenses énergétiques des foyers.
Affronter le risque d’inconfort thermique d’été : le B-A BA
Nous aimerions rappeler une phrase prononcée par Florian Brunet-Lecomte (Femat) lors du Moniteur Innovation Day Territoires 2023 à Lyon : « Un bâtiment efficace en été n'est pas un bâtiment où il fait froid, mais un bâtiment où il ne fait pas chaud ! » Mais comment lutter contre la surchauffe ?
Dans un contexte de saisonnalité estivale critique, marqué par des événements caniculaires et des épisodes de températures plus intenses, plus longs dans la durée et plus tardifs dans l'année, il est nécessaire de fournir aux organismes HLM et aux constructeurs des outils pour identifier dès aujourd'hui les moyens d'améliorer l'habitabilité en été, en se projetant sur le climat futur à l'échelle du logement, du bâtiment et de la résidence.
Le premier niveau d'adaptation du bâtiment doit permettre de lutter efficacement contre les apports solaires directs qui frappent les baies vitrées et de favoriser la ventilation vers l'extérieur. Par exemple, les protections solaires mobiles avec des brise-soleil à hauteur variable et des lames orientables (en complément des volets roulants connectés) peuvent être pilotées automatiquement en fonction de l'intensité du rayonnement solaire à un moment donné, sur instruction d'une source météorologique ou d'une sonde météo. En ce qui concerne la ventilation naturelle, elle repose sur un principe physique simple : l'air chaud, plus léger que l'air froid, monte et génère un tirage d'air naturel dans le logement. La ventilation naturelle assistée associe une assistance mécanique à la ventilation naturelle pour renouveler l'air ambiant en fonction des conditions météorologiques. Enfin, l'extraction d'air est un procédé permettant de rejeter l'air chaud accumulé en partie haute d'un bâtiment. Grâce à un fonctionnement nocturne, on obtient un rafraîchissement naturel des bâtiments. Il s'agit du freecooling. Notre Technologie Eco-Touch est capable de piloter ces fonctionnalités de manière automatique.
L'utilisation de systèmes pour rafraîchir une pièce soumise à de fortes chaleurs en été peut être retardée. Le rafraîchissement par évaporation, également appelé rafraîchissement adiabatique ou bio-climatisation, est un procédé écologique simple qui utilise l'air chaud extérieur pour le transformer en air refroidi. L'air chaud et sec qui passe à travers un échangeur humide se refroidit. L'énergie nécessaire à l'évaporation de l'eau est extraite de l'air. C'est le même phénomène naturel que l'on peut observer près des points d'eau, où la température est plus basse en été. Il serait tout à fait envisageable de piloter automatiquement cette fonctionnalité en fonction du contexte climatique.
Conclusion
Avec la généralisation d'épisodes critiques dans une grande partie de l'Hexagone, nous passons du concept de « confort d'été » à celui d'« habitabilité d'été », qui englobe l'ensemble des conditions matérielles nécessaires pour pouvoir vivre dans un logement dans un contexte de dérèglement climatique et de sobriété énergétique.
Les conditions pour pouvoir habiter un logement décemment sont un enjeu social important. La Fondation Abbé Pierre rappelle que 88 % des Français considèrent qu'il est urgent de trouver une solution pour réduire la température dans les logements et appelle à lancer un grand plan d'urgence impliquant les collectivités, l'État, les bailleurs sociaux, afin de proposer les incitations nécessaires. Il semble également important de faire évoluer le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) pour que le confort d'été ne soit plus uniquement une estimation facultative, mais une évaluation obligatoire ayant un impact sur l'étiquette du logement.
Dans cette nouvelle géographie des besoins, l'Internet des objets (IoT) prend également tout son sens en offrant un niveau de pilotage automatisable en fonction du contexte météorologique et climatique !
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