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Fil Conducteur #6 : Faire face à l'été sans sueurs froides

Avec un épisode caniculaire qui s’est installé pour la seconde fois cette année sur l’ensemble du territoire métropolitain, la population affronte un nouveau moment critique. En effet, face à des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, les Français sont nombreux à endurer une nouvelle forme de précarité énergétique : subir l'emballement des températures dans leur logement sans réponse ni répit possible. Comment agir ?

1 - Le recours aux climatiseurs

Flash-back en 2003. Restée dans la mémoire collective pour ses records de températures, la canicule extrême avait provoqué, cette année-là, le décès de 19 000 personnes, majoritairement âgées. Cette séquence dramatique révéla un certain nombre de points de faiblesse de notre système :

 Incapacité d'absorption des services de santé,

 Isolement et manque de considération pour nos aînés,

 Carence en équipements de climatisation (résidentiel, tertiaire antérieur à 2003),

 Inadaptation de l'enveloppe isolante bâtimentaire,

 Insuffisance du cadre réglementaire (loi travail, construction...)

 

L'électrochoc fût tel pour l’opinion que les pouvoirs publics engagèrent un certain nombre de mesures :

 Création du plan canicule,

 Recensement des publics impactés et identification des lieux de fraîcheur public dans les communes,

 Mise en place de la Journée de solidarité,

 Renforcement des mesures au travail.

 

Les années suivantes virent l'augmentation du recours massif aux climatiseurs. L’une des conséquences de l'utilisation accrue de la climatisation dans les zones urbaines (îlots de chaleur urbains en été) est de libérer de la chaleur résiduelle dans l’atmosphère en refroidissant l’intérieur des bâtiments... Selon le nombre de climatiseurs individuels, la température extérieure peut augmenter de près de deux degrés. Ceci à également un impact en termes d’énergies "selon l’ONU, en 2050, nous serons près de 10 milliards d'habitants sur terre, dont les deux tiers vivront en ville. Avec le réchauffement climatique, la climatisation pourra représenter 45 % de la consommation mondiale d’électricité, contre 10 % actuellement. »

 

A terme, si les vagues de froid ont un impact important sur la consommation d'électricité en France, la consommation énergétique estivale devient également un enjeu stratégique.

 

C’est dans ce contexte de tensions prévisibles que l’État a notamment souhaité effectuer une nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020 ») prévue par la loi « Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique » (dite loi ELAN).

2 - lA rE2020 vise à garantir aux occupants un confort thermique estival adapté aux prévisions d'évolution du climat

La notion de « confort d'été » désigne la capacité d'un bâtiment à maintenir une température intérieure maximale agréable l'été, sans avoir à recourir à un système de climatisation (qui peut s'avérer très énergivore comme vu précédemment). Concevoir des bâtiments résilients et adaptés aux fortes chaleurs est donc devenu une nécessité, sachant qu’en 2020, un Français sur deux déclarait avoir souffert de la chaleur dans son logement pendant au moins 24 heures (enquête du Médiateur national de l’énergie).

 

Les retours d’expérience de la RT 2012 ont indiqué que l’indicateur TIC (Température Intérieure Conventionnelle) n’était pas assez corrélé avec l’inconfort estival perçu par les occupants et que la température intérieure de confort d’été calculée par tous les logiciels certifiés n’était pas toujours conforme avec la réalité (souvent plus élevée).  Si cette exigence avait représenté un véritable avantage, on aurait observé une maîtrise des situations de surchauffe dans les bâtiments neufs livrés (pourtant conformes à l’indicateur). Or cela n’a pas été le cas, et c’est même plutôt le contraire qui est arrivé.

 

La RE 2020 présente une évolution importante sur le thème du confort d’été, l’indicateur TIC (Température Intérieure Conventionnelle) introduit une nouvelle exigence sur les degrés-heures d’inconfort (DH) par une nouvelle méthode de calcul qui prend en compte les effets du changement climatique sur les bâtiments : évolution des températures, vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus longues. Ainsi, la mise à jour des scénarios météorologiques de la réglementation intègre l’insertion d’une séquence caniculaire.

 

La RE2020 renforce le seuil de coefficient Bbio (-30 %), elle vise également la réduction des consommations d'énergie CEP (-20%). (1)

 

Qu'est-ce qu'un degré ressenti inconfortable en confort d'été ? La RE2020 définit 2 seuils que la température intérieure au bâtiment ne doit pas dépasser pour éviter tout inconfort :

 La nuit, le seuil de température est de 26°C. 

 Le jour, un seuil de température adaptatif qui se situe entre 26° et 28°C.

 

La réglementation avance pour le neuf. Le chantier de la rénovation est quant à lui tout aussi considérable. L'objectif fixé par l’Exécutif pour les 5 ans à venir est de rénover au moins 700.000 logements par an.

3 - Comment aller plus loin ?

Avec le contexte climatique et pandémique, nos activités ont subi des mutations considérables. Nous ne travaillons plus comme avant, nous n’enseignons plus comme avant, nous ne commerçons plus comme avant. Nous vivons dans une société hybride, or toutes nos activités se réalisent dans des bâtiments et désormais aussi dans des logements. Force est de constater que les bâtiments n’ont pas suivi assez massivement la mutation des activités humaines.

On constate qu’il est finalement assez étrange que nos bâtiments et logements, cœurs de nos activités quotidiennes, ne suivent pas la même mutation que nos véhicules qui, étant de plus en plus connectés, échange de l’information et de la data à l’attention de leurs utilisateurs pour plus de confort. A minima, imagine-t-on pouvoir faire un long trajet sans climatisation ?

 

Chez OGGA, nous défendons l’idée que l’on peut instrumenter les bâtiments et les logements à coût maîtrisé. En été, le bâtiment connecté peut actualiser sa propre configuration en temps réel et de manière autonome.

 

En période estivale, un maillage de capteurs connectés peut dessiner une cartographie dynamique du bâti qui évolue au fil de la journée énergétique et des besoins, et cela avant de recourir à la climatisation.

En fonction de l’orientation du bâtiment, des mesures directes issues de sondes (thermomètre, anémomètre…) ou des flux de données météorologiques, le bâtiment peut actionner les équipements communs ou individuels selon le meilleur scénario :

 Free-cooling : système d'actionnement automatique des ouvrants ou des centrales de traitement d’air afin d'augmenter le volume d’air entrant, facilitant la circulation de l'air extérieur vers l'intérieur 

 Brise-soleil : gestion automatisée de l’angle d’incidence des lamelles en cas de surchauffe 

 Stores, stores-bannes, volets : amélioration de l'isolation thermique


NOTES :

(1) Bbio : Le besoin bioclimatique conventionnel en énergie d'un bâtiment pour le chauffage, le refroidissement et l'éclairage artificiel

CEP : Le Coefficient d'Énergie Primaire (CEP) correspond à la consommation totale d’énergie primaire d’un bâtiment sur une année.  Il s’agit d’ailleurs de l’un des points clés de la RE2020

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